Dot Eco et Big Room ont déposé un dossier de candidature auprès de l’ICANN pour obtenir la gestion des noms de domaine en .eco. Cette nouvelle extension pourrait servir à la mise en ligne d’information concernant les engagements de leur détenteur en matière de développement durable. Elle devrait également permettre de récolter des fonds pour financer des organismes de protection de l’environnement.
Après le projet d’extension .green, présenté en début d’année dans le cadre des Premières Rencontres Internationales des Noms de Domaines (janvier 2009 à Paris), c’est au tour du .eco de faire l’actualité du développement durable sur la toile.
Deux groupes se disputent en effet actuellement la gestion de cette nouvelle extension verte : le consortium Dot Eco d’une part, soutenu par l’ancien vice président américain Al Gore, et le groupe canadien Big Room d’autre part.
Les deux concurrents, qui ont déposé un dossier auprès de l’ICANN ont su s’entourer d’associations de protection de l’environnement particulièrement crédibles pour soutenir leur candidature. L’Alliance pour la Protection du Climat, le Sierra Club et Surfrider pour Dot Eco. La WWF (World Wildlife Fund) et la Croix Verte Internationale pour Big Room.
L’un comme l’autre affichent également l’ambition de réserver une partie du chiffre d’affaire généré par les ventes de noms de domaine pour financer des projets de développement durable.
Le consortium Dot Eco se serait ainsi déjà engagé à reverser 57% des bénéfices à des organismes de défense de l’environnement et envisage même de faire de l’extension une sorte de label, en ne la rendant accessible qu’aux sociétés remplissant certains critères, comme le fait de mesurer et de publier son empreinte carbone.
Le candidat canadien, Big Room, a pour sa part déclaré qu’il souhaiterait voir les entreprises utiliser cette extension pour publier les informations les concernant et ayant un rapport avec l’environnement et le développement durable.
2. La gestion des noms de domaine prend des airs de guerre froide
En véritable compétition, Dot Eco et Big Room se livre actuellement une petite guerre médiatique.
Le consortium soutenu par Al Gore se plaignait de voir son concurrent canadien régulièrement dévaloriser dans la presse le plan de gestion qu’il propose pour la future extension .eco. Il a donc décidé de réagir en publiant sur son site un rapport de 17 pages qui permet (de son point de vue) de comparer son approche à celle de Big Room.
Un véritable règlement de compte dans lequel Dot Eco dénonce notamment les procédures d’enregistrement proposées par Big Room dont il qualifie le plan « d’irréalisable ».
Et le ton de Dot Eco n’a rien d’amical, jugez plutôt comment le consortium introduit son argumentaire :
« Quand ils ont mis en doute, sur des blogs et dans la presse, notre crédibilité en matière d’environnement, nous avons laissé passer. Quand ils ont sous-entendu que nous favorisions le “green-washing”, nous l’avons ignoré. Quand ils ont insinué que notre démarche de partage des profits était suspecte, nous avons essayé de rester positifs. Quand ils ont développé leur thèse que la gestion du .eco donnait lieu à une guerre entre Al Gore and Mikhail Gorbachev (ndlr : il est le fondateur et l’actuel président de la croix verte qui soutient la candidature de Big Room), (…) nous avons commencé à secouer nos têtes. Mais maintenant, ils racontent qu’Al Gore, le Sierra Club et Surfrider sont corrompus et qu’ils nous soutiennent parce que nous leur avons graissé la pate. Nous ne pouvons pas laisser passer ça ».